CHAPITRE 1 : LINCONNU
La pénombre dominait lhorizon. On ne percevait presque rien à travers ce paysage sombre, comme si les ténèbres étaient venues sy installer. Le ciel était de couleur violacé, et des éclairs côtoyant les nuages se faisaient un plaisir de le fendre, ce ciel lourd et instable. On pouvait néanmoins distinguer un relief montagneux et très abimé. Une sorte darche baignant ses pieds dans un océan infini.
Quelquun scrutait lextérieur à travers une ouverture visible sur une de ces montagnes, grise et ternie. Lindividu était de petite taille, on avait limpression quune petite souris venait de sortir de sa cachette. Mais le bonhomme était beaucoup moins mignon. De petite taille, c'est-à-dire avoisinant le mètre, pas plus, il était vêtu dune sorte de cape orange, partant dau dessus de sa tête, et touchant presque le sol. Une tunique bleu foncée recouvrait son corps ainsi que son cou quon ne distinguait pas. Sa tête était ornée dun couvre chef bleu marine proche du noir, de la forme dun bol, rendant sa tête bien ronde. La lettre M était inscrite devant, en blanc, dun style décriture ressemblant à de la calligraphie. Son visage, dune couleur verdâtre peu joviale, était constitué dantennes, une de chaque côté de sa bouche, qui partaient vers le bas. Le reste de son visage nétait pas très charmant. Ses deux yeux globuleux ressortaient énormément, étant donné que la partie de ce visage qui nétait pas caché par son espèce de bonnet était plutôt aplati. En réalité, son front et ses oreilles étaient camouflés, lun par le fameux bonnet, les deux autres par la cape qui formait des plis. Entre ses yeux, un nez plutôt discret par rapport aux globes oculaires venait compléter tout cela. Et enfin, un léger sourire venait rendre lensemble moins horrible.
Lindividu se tenait droit, ses petits bras verts cachés dans le dos. De profil, on remarquait une bosse au niveau du ventre, avec une épaisse ceinture noire accompagnée dun imposant bouton jaune en guise douverture et de fermeture. Sa tunique tombante laissait apparaitre de petites chaussures grises, qui navaient rien de particulier. Pour le moment, il ne disait rien, et se contentait de sourire gentiment, comme si il attendait quelque chose. Il resta quelques minutes à scruter lhorizon, puis se retourna vers lobscurité, jusquà ne plus rien voir de sa petite personne.
Le bonhomme vert qui navait rien du tout dhumain marchait tranquillement dans ce couloir rocheux quasiment dépourvu de lumière. Il sarrêta, et face à lui une porte massive était fermée. Malgré le manque de luminosité, elle semblait lisse et lustrée. Faite dun métal noir élégant, elle mesurait environ deux mètres de hauteur, sur un peu plus dun mètre de largeur. Elle souvra, sous la pression de ses mains.
Curieusement, lintérieur navait rien dune caverne. On ne voyait plus de roches autour de ce qui semblait être la demeure de cette étrange personne. Les murs étaient faits de la même matière que la porte. Pourtant, le tout se situait à lintérieur dune montagne, bien conservé à labri déventuels regards indiscrets. La grande salle principale où notre personnage se trouvait nétait pas bien remplie. A vrai dire, il y avait plusieurs tables, avec un grand nombre de livres posés aléatoirement dessus, et complètement désordonnés. A côté dune de ces tables, une étagère presque vide était disposée. Il alla directement vers cette étagère, et attrapa un cahier poussiéreux sur la deuxième étagère, la dernière qui nétait pas trop grande pour lui. Il fit tomber au passage quelques autres cahiers, quand soudain il prononça quelques mots : « Pff, lheure nest pas au rangement. Je vais avoir beaucoup de travail ces prochaines ... ». Il eut un moment dhésitation et reprit : « ces prochaines années je présume, voire plus. »
Il se posa à la table la plus proche en prenant une chaise, fabriquée dun vieux bois grinçant, tout comme la présente table. Il fit un peu de place pour y poser son cahier, puis louvra. Le cahier était vierge, mais le papier était jauni. A sa droite se trouvait un pot rempli dune substance noire et graisseuse. Linconnu y plongea son doigt, muni dun ongle également noir, pointu et long, le posa sur la première page, laissant quelques gouttes couler au passage, et se concentra. Pendant la rédaction de ce paragraphe, longle de Bibidi brillait étrangement dun rose fluorescent. En effet, en touchant la feuille imprégnée de ce liquide, la magie sactivait. En exerçant une simple pression sur le papier, Bibidi navait plus quà penser à ce quil voulait inscrire et cela se faisait automatiquement. Une sorte de potion magique bien efficace, permet de retranscrire ses pensées sans effort et avec une rapidité impressionnante désormais expliquée. Une fois le texte achevé, les caractères redevinrent noirs. En quelques secondes, les mots suivants étaient lisibles.
« Jour zéro, étape de fabrication.
Ce soir même, après avoir rassemblé les composants et ingrédients nécessaires, je vais commencer la fabrication de ce quon appellera dans le futur, la créature la plus puissante que lunivers ait jamais connu. Je laisserai une trace écrite chaque jour dans ce cahier qui fera office de rapport. Il servira également de point de retour en cas dévènement imprévu.
Bibidi, Madôshi »