CHAPITRE 3 : Ça va chauffer ! L'avancement d'un projet machiavélique
Les horribles objectifs de Bibidi avaient du mal à se concrétiser. Il se rendait compte quil était très difficile de concilier résistance, puissance, et obéissante dans un seul et même être artificiel. Cela relevait presque de limpossible. Le sorcier avait tout dabord rassemblé des tonnes dingrédients, mesurant minutieusement la quantité nécessaire pour chacun dentre eux. On y trouvait des produits aux noms imprononçables, ainsi que des morceaux de corps, directement cueillis sur des cadavres jugés intéressants. En effet, il souhaitait rattacher à son futur monstre, tous les pouvoirs potentiellement dangereux quil trouverait, afin de le rendre parfait. Cest ainsi quil consacra le reste de sa vie à former ce qui sera lessence même de la créature démoniaque.
La salle consacrée à la fabrication était immense, on se demandait comment un sorcier aussi insignifiant pouvait y vivre des milliers dannées. Elle comportait de nombreuses cuves, chacune dentre elles étant au moins 10 fois plus grande que le Madôshi. A lintérieur, résidait une sorte de matière gluante, en constante rotation, à la manière dune pâte rigoureusement travaillée. Ces cuves servaient à rassembler des ingrédients spécifiques, qui devaient probablement entrer une symbiose pour aboutir à un mélange convenable.
« On peut dire que tu men as donné du travail, et cest loin dêtre fini ! » pensa Bibidi. Jai foulé le sol de tant de planètes, afin de dénicher les matières les plus résistantes qui soit, saupoudrez le tout dun soupçon de magie et le tour est joué ! Hi hi hi !» Le rire du petit sorcier était particulièrement ridicule. Celui-ci résonnait dans ce pseudo laboratoire quon oserait appeler lantichambre de lenfer.
Il eut soudain une envie irrésistible de bailler. Cependant il navait pas le temps de dormir, car il était forcé de surveiller létat de ses mixtures géantes. Il se versa une goutte de liquide rose dans chaque il, ce qui semblait lui donner un regain dénergie. Cette surexcitation nétait pas belle à voir.
Plus tard, Bibidi inscrivit dans son cahier :
« Jour 1000, étape de fabrication.
Le mélange prend peu à peu forme. Il salimente de plus en plus de Ki et de magie. Pour linstant, aucun rejet de pouvoir nest constaté. »
Déjà mille jours quil avait entrepris ce désir de collecte. Ce petit millier de journées était assez obsolète pour un Madôshi. Bibidi était tellement aveuglé par son désir quil se trouvait quotidiennement en situation de quasi transe, face à ses tas de boue rose qui sondulaient. La notion du temps lui importait peu, et il faut dire quà son âge, il en oublierait quun jour la mort viendra le chercher.
Il prit néanmoins un peu de temps pour sortir, pour voir si quelque chose pouvait animer cette malheureuse routine. Il sorti par un recoin en bas dune petite montagne, au bord de leau. Le sommet était jonché de fenêtres transparentes qui laissaient imaginer un réseau de cheminement à travers les reliefs. Bibidi prit alors son envol, les bras croisés, et alla faire un tour quelques sommets plus loin, lorsquil croisa un autre Madôshi. Celui-ci laborda tout de suite :
«Voila des années que je ne tavais pas vu. Tu as décidé de quitter ta misérable vie et enfin quitter ta grotte ? »
«Est-ce que tu vois une grotte quelque part, magicien de pacotille ?! Mêle-toi de tes affaires, je ne tai rien demandé ! Décidément, ce monde me dégoûte, et vous vous en mordrez les doigts !» répliqua Bibidi dun ton aggressif.
«Tu as raison. Je ne sais pas ce que tu manigances, mais tu es toujours aussi aimable dis donc. Tu es pourtant bien placé pour savoir que sur cette planète, il faut peser ses mots, au risque de subir un accident. Je te rappelle quici, la loi est simple : chasser, ou bien être chassé.»
Les règlements de compte étaient fréquents entre Madôshis, car beaucoup dentre eux ne pouvaient pas sentendre. Une concurrence rude entre des magiciens toujours plus dangereux. Et ce sorcier, un peu plus grand que Bibidi mais avec un visage très gris, néchappait pas à la règle.
«Tes menaces ne me font ni chaud ni froid. Mais pas de soucis ! A vrai dire, je te présenterai un ami à moi dans quelques temps. Je te demanderai simplement de ne pas détruire ma montagne, par pitié mon grand Mamôdoh, répondit ironiquement Bibidi.
Au même moment, une explosion se ressentit derrière eux.